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JM Barroso II

 

Cela peut paraître facile à dire a posteriori mais la réélection de JM Barroso comme Président de la Commission européenne, à la suite du vote du Parlement européen le 16 septembre,  n’est pas vraiment une surprise. Elle était en effet pratiquement acquise, car les 27 états membres le voulaient et qu’il n’y avait pas de candidat alternatif. Et surtout, les règles du traité de Lisbonne qui lient étroitement Président de la Commission  et majorité parlementaire (1), qui imposent une élection à la majorité absolue (2) et qui prévoient une « responsabilité commune » dans le bon déroulement du processus conduisant à l’élection du Président de la Commission européenne (3) ne sont pas encore applicables. Pour toutes ces raisons, l’élection de M.Barroso ne faisait guère de doute même si elle a été émaillée de retards notamment dus aux éclaircissement exigés par les eurodéputés. Et c’est bien pourquoi les partis qui lui étaient hostiles, comme les Verts, demandaient un report du vote pour appliquer les règles du Traité de Lisbonne.

Ce qui était moins prévisible, c’est la très confortable majorité qui a porté M.Barroso à la tête de la Commission et qui rend sa nomination incontestable et légitime, même sous l’empire des règles du Traité de Lisbonne. En effet, M.Barroso, pourtant abondamment critiqué pour son manque d’initiative, son désintérêt pour les questions sociales et sa complaisance à l’égard des « grands » pays membres, a été « adoubé » à la majorité absolue des eurodéputés. Parmi les 718 des 736 eurodéputés qui ont participé au scrutin, 382 ont voté pour M.Barroso, contre 219 voix contre, et 117 abstentions.

Cette forte majorité s’explique par la désunion dans le groupe socialiste, les eurodéputés s’alignant sur les prises de position définies par les partis nationaux respectifs. Ce n’est pas la première fois que les solidarités nationales au sein des groupes  font obstacle à l ‘émergence d’une position commune européenne. Entre, par exemple, les socialistes espagnols favorables à la réélection de M.Barroso et les socialistes français, opposés, le seul accord possible était sur la base du plus petit dénominateur commun, d’où la consigne d’abstention finalement donnée, faute de mieux. Une consigne qui laisse un goût amer et donne l’impression peu glorieuse d’arrangements de coulisse. Une autre raison de la large majorité obtenue par M.Barroso est le ralliement des eurosceptiques ce qui est un comble pour un homme qui doit incarner l’intérêt communautaire et qui s’explique peut-être par l’aptitude de M.Barroso à entretenir un flou sur son programme , promettant monts et merveilles selon ses interlocuteurs (se prononçant même pour la taxe Tobin!).

Est-ce forcément négatif pour l’intégration européenne?

Certes, M.Barroso n’a pas marqué le quinquennat précédent par ses initiatives courageuses. Mais lui imputer la totalité des maux de l’Union Européenne comme le font certains de ses détracteurs est abusif. Cela dédouane à bon compte les gouvernements nationaux de leurs lourdes responsabilités. C’est aussi ignorer ou faire semblant d’ignorer que la Commission européenne est un collège qui prend ses décisions par consensus et qui semble dominée par de fortes et controversées personnalités acquises aux idées de libéralisation des marchés et de dérégulation comme C. Mc Greevy et Neelie Kroes. Bref, M.Barroso n’est pas toute l’Union européenne ni toute sa politique. Sa désignation, si elle est une mauvaise nouvelle pour les partisans d’une intégration européenne tendant vers le fédéralisme, n’est pas cependant forcément une catastrophe.

Les voies de l’avenir seront en effet tracées de façon plus claire lors de la composition de la Commission européenne. Il faut donc attendre de la connaître.

On peut aussi penser (ou espérer) que, dans le contexte de l’application du Traité de Lisbonne qui accroît les compétences du Parlement européen, le Président Barroso, fort de la légitimité conférée par la majorité parlementaire autour de sa nomination, y trouvera la force de conviction et le courage pour tenir tête au Conseil si besoin et redonner à la Commission européenne le rôle qui devrait être le sien, celui de l’impulsion et de la défense d’une vision européenne.

29/09/2009

 


1 – Article 17 du TUE dans la version consolidée des traités incluant les articles du Traité de Lisbonne

2 - Le Parlement approuve ou rejette la désignation proposée à la majorité des suffrages exprimés. Article 105 du Règlement du Parlement européen

3 - Déclaration n°11 annexée au Traité de Lisbonne

 

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