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Brexit, les négociations peuvent commencer, 4

 

Le "déni de réalité" des britanniques

 

Le gouvernement May feint de s'étonner de la détermination des européens et accuse l'Union européenne "de s'unir contre le Royaume-Uni dans les négociations du Brexit".Le fait que l'Union ait refusé de discuter de la relation future avec le Royaume-Uni avant d'avoir conclu l'accord de "divorce" (pour reprendre un terme souvent utilisé dans les medias) a été apparemment une mauvaise surprise pour les britanniques. Et ils n'ont pas été rassurés par la déclaration de la chancelière Merkel qui a rappelé récemment qu' "un pays tiers ne bénéficiera pas des mêmes droits, ou de droits plus avantageux, qu'un pays membre », en ajoutant "Peut-être pensez-vous que tout ceci est évident, mais je dois malheureusement le dire aussi clairement car j'ai le sentiment que certains en Grande-Bretagne se font encore des illusions à ce sujet" (AFP, 27/04/2017). Cette déclaration faisait suite à une rencontre le 26 avril, entre Mme May, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le négociateur pour le Brexit, Michel Barnier. Qualifié de « calamiteux » par la presse (voir le compte rendu du Frankfurter Allgemeine Zeitung) le diner qui a réuni ces trois personnalités a permis à la première ministre anglaise de mesurer le fossé qui séparait les déclarations optimistes sur le maintien des avantages britanniques de la détermination des européens à leur enlever leurs illusions. Ainsi que l’aurait dit Jean-Claude Juncker : on ne sort pas de de l’UE « comme on quitte un club de golf ».

Il semble en effet que les britanniques escomptaient sortir de l'Union européenne à leurs conditions, en choisissant les règles qu'ils voudraient conserver et celles qui ne leur seraient plus applicables. Qu'il s'agisse d'une posture, ou, plus étonnant, d'une conviction, cette position n'est évidemment pas réaliste et les négociations seront difficiles et certainement conflictuelles.
 

Au nombre des questions déja polémiques, il y a le montant de la "facture" que le Gouvernement britannique devra payer (l'UE veut qu'elle soit payée en euros pour éviter les fluctuations de la livre sterling), les conditions d'accès au marché unique qui s'avère vital pour certains secteurs économiques du Royaume-Uni (automobile, pêche, services financiers...).

 


Le secteur financier britannique en danger

Pour la City, le brexit présente le risque de perdre les « passeports financiers » qui lui permettent de vendre ses produits financiers dans toute l'Union, ce grace à quoi elle est une tête de pont vers le le marché européen pour les grandes firmes américaines et suisses, notamment, de la finance. Pour le commissaire européen chargé des négociations, Michel Barnier, il est clair que les Britanniques vont perdre ce passeport européen, et il avertit qu'il va être particulièrement  vigilant sur ce point. Mais le brexit met également en péril l'avenir des chambres de compensation situées à Londres et qui traitent des transactions en euro (et qui représentent des dizaines de milliers d'emplois). La Banque centrale européenne veut réguler leur activité, ce qui impliquerait de les installer en zone euro. Le Royaume-Uni, qui ne veut pas voir cette activité migrer vers des places d'autres états européens (Paris, Francfort, pour ne citer que ces deux villes) voudrait une supervision conjointe avec l'Union.

 

Aux difficultés pour les britanniques liées au tempo voulu par l'Union, s'ajoute l'arrivée au pouvoir en France d'Emmanuel Macron qui est vue avec inquiétude car le nouveau Président de la République défend une position ferme face aux britanniques. Dès avant son élection il a refusé des  dérogations aux règles européennes dans la future relation avec le Royaume-Uni et a appelé les banquiers, les chercheurs, les universitaires qui seraient affectés par le brexit à s'installer en France.

 

Les étapes à venir

 
Les négociations commenceront après les élections qui doivent avoir lieu au Royaume-Uni. La date butoir, celle du divorce a été donnée par la Commission européenne dans ses recommandations du 3 mai et confirmée par le Conseil dans les directives de négociation. Ce sera « le 30 mars 2019 à 0 heure (heure de Bruxelles), sauf si le Conseil européen, en accord avec le Royaume-Uni, décide à l’unanimité de proroger ce délai conformément à l’article 50, paragraphe 3, du traité sur l’Union européenne. À partir de la date du retrait, le Royaume-Uni deviendra un pays tiers ».

Jusqu’à cette date, le Royaume-Uni ne pourra conclure des accords de libre-échange. Ce n’est que lorsqu’il sera officiellement sorti de l’Union qu’il pourra redéfinir ses relations commerciales avec les 27 pays de l'Union et avec tous les autres pays avec lesquels l’Union européenne a actuellement des accords. Là encore, la tâche ne sera pas facile car l’UE a déjà indiqué que l'accord de libre-échange devra être accompagné de garanties contre tout risque de dumping, en réponse à la menace britannique de lancer une concurrence fiscale en baissant les impôts pour attirer les entreprises.


03/06/2017

 

 



 

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